Les premiers peintres qui etaient nes dans l'Amerique du Nord puritaine et originairement hostile a l'art avaient recherche et trouve leur consecration en Europe, mais pour perdre, dans une atmosphere determinee par une grande tradition, leur ``innocence coloniale'' (Fred Neumeyer). Les plus anciens etaient Benjamin West (1738-1820), de Pennsylvanie, et John Singleton Copley (1738-1815), de Boston, son egal en age.
A vingt-deux ans, West avait deja entrepris le voyage de Rome, et plus tard il devint le successeur de Reynolds a la presidence de l'Academie de Londres. Copley, lui aussi, connut ses plus grands triomphes dans la capitale anglaise. Les deux etaient principalement des peintres d'histoire, mais contrairement aux classicissants europeens, ils prenaient pour sujet des evenements du passe recent ou meme du present.
Le realisme qui les habitait, et qui conduisait dans ce cas au
reportage peint, peut etre considere comme une attitude fonciere
typiquement americaine. La peinture de West intitulee
la Mort du general Wolfe devant Quebec
(Ottawa, Galerie Nationale) ne
montre plus les acteurs idealises---selon l'usage academique---par
des vetements antiquisants, mais les offre dans le costume de l'epoque.
Lors de son exposition en 1772, elle attira plus d'amateurs et de curieux
qu'aucune autre toile dans l'histoire de l'art britannique. Quand a la
gravure sur cuivre qui en fut tiree,
elle fut accueillie dans le monde
entier avec enthousiasme; il semble qu'elle donna lieu a la vente de plus
d'estampes que des gravures analogues plus recentes. Il est vrai que
West a ete le premier a demontrer aux artistes que la reproduction des
evenements d'actualite pouvait ouvrir a l'art d'immenses debouches
nouveaux. Et plus d'une centaine d'annees s'ecoulerent encore avant
que l'approvisionnement des journaux et revues en images passat
entre les mains de la photographie
James Thomas Flexner
Dix ans plus tard, avec son tableau intitule la Mort de Chatham (Tate Gallery), qui represente le premier Pitt terrasse par une attaque lors du discours qu'il prononca a la Chambre des Lords contre l'independance des colonies americaines, et encore une dizaine d'annees plus tard, avec la Defense des batteries flottantes a Gibraltar (Londres, National Gallery), Copley s'assura des succes semblables.