Maintenant que les principes généraux ont été présentés, la méthode pour créer le périphérique loopback peut être expliquée.
La création du périphérique loopback va nécessiter un certain nombre de choses.
Le point le plus important est l'accès à un système Linux déjà installé. Ce point est nécessaire car le périphérique loop ne peut être créé que sous Linux. Cela signifie qu'il ne sera pas possible d'installer un système à partir de rien. Le système Linux que vous utilisez devra être capable de compiler un noyau.
Une fois le périphérique loopback créé, il représentera un gros fichier. J'ai utilisé un fichier de 80 Mo, mais si c'était suffisant pour un terminal X, ça ne sera sans doute pas suffisant pour une utilisation plus importante. Ce fichier doit être copié sur la partition DOS, donc un réseau ou beaucoup de disquettes seront mis a contribution.
Vous aurez besoin des logiciels suivants :
LOADLIN
version 1.6 ou supérieuremount
qui supporte les périphériques loopbackTout ceci devrait être disponible en standard sur des installations récentes de Linux.
J'ai créé le périphérique loopback avec le noyau Linux version 2.0.31, d'autres versions devraient faire l'affaire, mais elles devront avoir au moins les options listées ci-dessous configurées.
Les options du noyau que vous devrez sélectionner sont les suivantes :
CONFIG_BLK_DEV_RAM
).CONFIG_BLK_DEV_INITRD
).CONFIG_BLK_DEV_LOOP
).CONFIG_FAT_FS
).CONFIG_MSDOS_FS
).Les deux premières sont le disque virtuel lui-même et le disque virtuel initial. La suivante est le support pour les périphériques loopback. Les deux dernières sont le support pour les systèmes de fichiers msdos, qui est requis pour monter des partitions DOS.
La compilation d'un noyau sans modules est la plus simple, mais si vous voulez utiliser les modules ça devrait être possible, bien que je ne l'aie pas essayé. Si vous utilisez des modules, vous devez configurer les options précédentes dans le noyau, et non comme des modules.
Le code source du noyau lui-même devra être modifié d'une façon très simple. La version 2.0.34 du noyau telle que fournie ne permet pas au périphérique loopback d'être utilisé comme racine. Une très petite modification du noyau peut rendre ceci possible.
Le fichier /init/main.c
a juste besoin qu'on lui ajoute une seule
ligne comme montré dans la version modifiée ci-dessous. La ligne qui dit
"loop", 0x0700
est celle qui a été ajoutée.
static void parse_root_dev(char * line)
{
int base = 0;
static struct dev_name_struct {
const char *name;
const int num;
} devices[] = {
{ "nfs", 0x00ff },
{ "loop", 0x0700 },
{ "hda", 0x0300 },
...
{ "sonycd", 0x1800 },
{ NULL, 0 }
};
...
}
Une fois le noyau configuré, il devra être compilé pour produire une fichier
zImage
(make zImage
). Ce fichier devrait être arch/i386/boot/zImage
une fois compilé.
Le disque virtuel initial est simplement crée comme un périphérique loopback
au départ. Vous devrez faire ceci en tant que root. Les commandes que vous devez
exécuter sont listées ci dessous, elles supposent être lancées depuis le répertoire
principal de root (/root
).
mkdir /root/initrd
dd if=/dev/zero of=initrd.img bs=1k count=1024
mke2fs -i 1024 -b 1024 -m 5 -F -v initrd.img
mount initrd.img /root/initrd -t ext2 -o loop
cd initrd
[créez les fichiers]
cd ..
umount /root/initrd
gzip -c -9 initrd.img > initrdgz.img
Il y a un certain nombre d'étapes, mais on peut les décrire comme ceci.
Contenu du disque virtuel initial
Les fichiers dont vous avez besoin sur le disque virtuel représentent le minimum nécessaire pour pouvoir d'exécuter une commande.
/linuxrc
Le fichier qui est lancé pour monter le système de
fichiers msdos (voir plus bas)./lib/*
L'éditeur de liens dynamiques et les librairies dont les
programmes ont besoin./etc/*
Le cache utilisé par l'éditeur de liens dynamiques
(pas strictement requis, mais ça l'empêche de se plaindre)./bin/*
Un interpréteur de commandes (ash
car il est
plus petit que bash
). Les programmes mount
et losetup
pour manipuler le disque DOS et configurer les périphériques loopback./dev/*
Les périphériques qui seront utilisés. Vous avez besoin
de /dev/zero
pour ld-linux.so
, /dev/hda*
pour monter
le disque msdos et /dev/loop*
pour les périphériques loopback./mnt
Un répertoire vide pour y monter le disque msdos.Le contenu du disque virtuel initial que j'ai utilisé est énuméré ci-dessous. Ces fichiers représentent environ 800ko, une fois pris en compte l'espace perdu par les structures du système de fichiers.
total 18
drwxr-xr-x 2 root root 1024 Jun 2 13:57 bin
drwxr-xr-x 2 root root 1024 Jun 2 13:47 dev
drwxr-xr-x 2 root root 1024 May 20 07:43 etc
drwxr-xr-x 2 root root 1024 May 27 07:57 lib
-rwxr-xr-x 1 root root 964 Jun 3 08:47 linuxrc
drwxr-xr-x 2 root root 12288 May 27 08:08 lost+found
drwxr-xr-x 2 root root 1024 Jun 2 14:16 mnt
./bin:
total 168
-rwxr-xr-x 1 root root 60880 May 27 07:56 ash
-rwxr-xr-x 1 root root 5484 May 27 07:56 losetup
-rwsr-xr-x 1 root root 28216 May 27 07:56 mount
lrwxrwxrwx 1 root root 3 May 27 08:08 sh -> ash
./dev:
total 0
brw-r--r-- 1 root root 3, 0 May 20 07:43 hda
brw-r--r-- 1 root root 3, 1 May 20 07:43 hda1
brw-r--r-- 1 root root 3, 2 Jun 2 13:46 hda2
brw-r--r-- 1 root root 3, 3 Jun 2 13:46 hda3
brw-r--r-- 1 root root 7, 0 May 20 07:43 loop0
brw-r--r-- 1 root root 7, 1 Jun 2 13:47 loop1
crw-r--r-- 1 root root 1, 3 May 20 07:42 null
crw-r--r-- 1 root root 5, 0 May 20 07:43 tty
crw-r--r-- 1 root root 4, 1 May 20 07:43 tty1
crw-r--r-- 1 root root 1, 5 May 20 07:42 zero
./etc:
total 3
-rw-r--r-- 1 root root 2539 May 20 07:43 ld.so.cache
./lib:
total 649
lrwxrwxrwx 1 root root 18 May 27 08:08 ld-linux.so.1 -> ld-linux.so.1.7.14
-rwxr-xr-x 1 root root 21367 May 20 07:44 ld-linux.so.1.7.14
lrwxrwxrwx 1 root root 14 May 27 08:08 libc.so.5 -> libc.so.5.3.12
-rwxr-xr-x 1 root root 583795 May 20 07:44 libc.so.5.3.12
./lost+found:
total 0
./mnt:
total 0
La seule étape complexe est la création des périphériques dans dev
.
Utilisez le programme mknod
pour les créer, et servez vous des
périphériques dans /dev
comme modèles pour les paramètres requis.
Le fichier /linuxrc
Le fichier /linuxrc
sur le disque virtuel initial est nécessaire pour
mettre en place le périphérique loopback, avant de l'utiliser comme racine.
L'exemple suivant essaye de monter /dev/hda1
comme une partition msdos
et en cas de réussite assigne les fichiers /linux/linuxdsk.img
et
/linux/linuxswp.img
respectivement aux périphériques /dev/loop0
et /dev/loop1
.
#!/bin/sh
echo INITRD: Essaye de monter /dev/hda1 comme partition msdos
if /bin/mount -n -t msdos /dev/hda1 /mnt; then
echo INITRD: Montage réussi
/bin/losetup /dev/loop0 /mnt/linux/linuxdsk.img
/bin/losetup /dev/loop1 /mnt/linux/linuxswp.img
exit 0
else
echo INITRD: Echec du montage
exit 1
fi
Le premier périphérique, /dev/loop0
deviendra la racine et le second,
/dev/loop1
deviendra la mémoire virtuelle.
Si vous voulez pouvoir écrire sur la partition racine en tant qu'utilisateur normal
quand vous aurez fini, alors vous devriez plutôt utiliser mount -n -t msdos /dev/hda1 /mnt -o uid=0,gid=0,umask=000
.
Ceci associera tous les accès à la partition
DOS à l'utilisateur root et placera les permissions en conséquences.
Le périphérique racine que vous utiliserez est le fichier linuxdsk.img
.
Vous devrez le créer de la même façon que le disque virtuel initial, en plus grand.
Vous pouvez y mettre l'installation de Linux de votre choix.
La méthode la plus simple est de copier une installation Linux existante sur ce disque. une alternative est d'y installer une distribution de Linux.
En supposant que ceci est fait, vous avez encore des modifications mineures à apporter.
Le fichier /etc/fstab
doit référencer les partitions racine et
swap en utilisant les deux périphériques loopback qui sont mis en place
par le disque virtuel initial.
/dev/loop0 / ext2 defaults 1 1
/dev/loop1 swap swap defaults 1 1
Ceci permettra de s'assurer que quand le périphérique racine sera utilisé, le noyau ne sera pas induit en erreur sur son emplacement. L'espace de swap pourra ainsi être ajouté de la même façon qu'une partition de swap normale. Vous devez aussi retirer toute autre référence vers un disque racine ou swap.
Si vous voulez être capable d'accéder à la partition DOS après le démarrage de Linux, vous devrez faire quelques petites modifications.
Créez un répertoire appelé /initrd
, qui sera le point de montage
du disque virtuel initial une fois que le système de fichier racine sera monté
en loopback.
Créez un lien symbolique appelé /DOS
qui pointe sur /initrd/mnt
où la partition DOS sera montée.
Ajoutez un ligne dans le fichier rc qui monte les disques. Il devra lancer la
commande mount -f -t msdos /dev/hda1 /initrd/mnt
; ceci créera un
montage "fictif" de la partition DOS pour que tous les autres programmes (comme
df
) sachent que la partition DOS est montée et où la trouver.
Si vous avez utilisé des options différentes dans /linuxrc
, vous devrez
évidemment utiliser les mêmes ici.
Il n'y a plus de raison d'avoir le noyau Linux sur le périphérique racine puisqu'il a été chargé plus tôt. Toutefois, si vous utilisez les modules, vous devrez les inclure normalement sur ce périphérique.
Le périphérique que vous utiliserez sera le fichier linuxswap.img
.
Le périphérique de mémoire virtuelle (swap) est très simple à fabriquer.
Créez un fichier vide de la même façon que pour le disque virtuel initial,
puis exécutez mkswap linuxswap.img
pour l'initialiser.
La taille de la mémoire virtuelle dépendra de ce que vous comptez faire avec le système installé, mais je recommanderais entre 8 Mo et la quantité de RAM que vous avez.
Les fichiers qui seront utilisés devront être déplacés sur la partition DOS.
Les fichiers qui devront être dans le répertoire DOS appelé C:\LINUX
sont les suivants :
LINUXDSK.IMG
L'image de la partition qui deviendra le périphérique
racine.LINUXSWP.IMG
L'espace de mémoire virtuelle.
La disquette de démarrage qui est utilisée est juste une disquette amorçable au format DOS.
On la crée en utilisant format a: /s
sous DOS.
Sur ce disque vous devrez créer un fichier AUTOEXEC.BAT
(comme
ci-dessous) et copier le noyau, le disque virtuel initial sous forme
compressée et l'exécutable LOADLIN
.
AUTOEXEC.BAT
Le fichier de commandes exécuté automatiquement
par le DOS.LOADLIN.EXE
L'exécutable du programme LOADLIN
.ZIMAGE
Le noyau Linux.INITRDGZ.IMG
L'image compressée du disque virtuel initial.Le fichier AUTOEXEC.BAT
devrait contenir une seule ligne comme
ci-dessous.
\loadlin \zImage initrd=\initrdgz.img root=/dev/loop0 ro
Ceci spécifie l'image du noyau à utiliser, l'image du disque virtuel initial, et le périphérique racine après que le disque virtuel ait fait son office, avec la partition racine montée en lecture seule.